Page:Servan - Réflexions sur les Confessions de J. J. Rousseau, 1783.djvu/67

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oreilles ne ſont frappées que des mots, que m’importe ? Les jeunes gens ſur-tout, qui vont à la tête des mœurs nouvelles, appliquent à tout ces mots énergiques : c’eſt une espèce d’éponge commode que chacun tient dans la main pour effacer à chaque inſtant & la honte & les reproches. Ainſi cette espèce de cenſure publique n’a guerre produit que le mépris de toute cenſure

Je ne prétends point au reſte, que les abus de l’imprimerie aient produit tous les changemens de nos mœurs : l’exagération ſeroit grande, & je me propoſe d’en indiquer d’autres cauſes en parlant de l’influence des ouvrages de J. J. Rouſſeau ſur ſes contemporains ; mais je dis ſeulement que l’art de l’imprimerie agit ſi puiſſamment ſur l’opinion publique, qu’il faut toujours le compter pour beaucoup parmi les cauſes du bien ou du mal qui ſurvient dans nos ſociétés civiles. Or, cela étant, je vais conſidérer un moment le rapport de cet art avec la monarchie ; je n’aurai point perdu le tems, ſi je puis en déduire quelque règle générale pour le diriger dans ce gouvernement

Chaque conſtitution politique a ſes inconvénient. Parmi pluſieurs avantages de la monarchie, l’un de ſes inconvéniens eſt qu’une partie & même une grande partie du bien qui s’y fait, ne peut être conſtamment connue ni récompenſée par le gouvernement, comme auſſi une partie du mal qui s’y commet, ne peut être ni connue ni toujours punie par les loix. Il eſt inutile d’expliquer les raiſons de