Je crois en un ſeul homme, génie tout-puiſſant, créateur d’un monde nouveau, d’êtres de raiſon viſibles & inviſibles, lumière de lumière, & fils unique de la vérité.
Heureux d’être régénéré en lui & par lui, je crois qu’il fait tout, & que les hommes ne ſavent rien ; qu’ils ſont tous néceſſairement corrumpus & égarés par la ſcience, & que lui ſeul a été perfectionné par elle ; que nous devons brûler tous les livres, & que nous devons admirer tous les ſiens.
Je m’unis de cœur & d’eſprit à ſes ſentimens, lorsqu’il m’interdit la penſée, & que lui-même accumule les raiſonnemens, lorſqu’il proſcrit les arts les plus utiles, & qu’il cultive les plus frivoles ; qu’il ſe conſtitue le champion de la vertu, & qu’il compoſe un roman voluptueux ; qu’il s’élève contre l’uſage de l’éloquence, & qu’il parle ſans ceſſe ſon langage ; qu’il s’enflamme d’un ſaint zèle pour la décence, &
- ↑ Ce morceau & le ſuivant font extraits des Œuvres de M. Borde, récemment imprimées à Lyon, chez Faucheux. Ils concernent auſſi la vie, les écrits du célèbre citoyen de Genève, & ſans doute on ne ſera point fâché de les lire après les Réflexions de Monſieur Servan.