Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/14

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meurt à leurs pieds avec la caresse d’une vague, tantôt les enlace, les domine et les dirige, impérieuse, à travers les enchantements d’un spectacle féerique vers leur funeste ou immortelle destinée. Vous m’avez dit l’auditoire fasciné, au théâtre de Bayreuth, par les splendeurs prestigieuses de l’appareil scénique, la majesté des cérémonies de Parsifal et leur expression plastique saisissante au point de révéler par elle-même aux plus ignorants le sens mystique du drame, vous m’avez dépeint des artistes, — les premiers de l’Allemagne ! — voués spontanément ou par sélection à des rôles terribles et surhumains, leur abnégation de tout amour-propre de chanteur, et leurs gestes non appris dans un Conservatoire, et leurs postures d’un réalisme familier, et leurs cris de détresse, les sanglots de leur douleur vraie, et Vogl, — der reine Thor, — présent à la célébration des mystères du Graal, qui, pendant trois quarts d’heure tournant le dos au public, regarde, immobile, la cène des chevaliers, et Mme  Materna se traînant à terre comme une bête sauvage, sous l’accoutrement farouche de Kundry !

Et là, personne ne se sent choqué des longueurs dans l’exposition, des manquements à notre poétique théâtrale, personne ne se plaint