Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/157

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il ne faut pas abuser, bien moins encore dans le chant que dans l’orchestre ; deux voix qui se rencontrent trop souvent à la faible distance d’une seconde diminuée, par exemple, finissent par se heurter, par se frotter l’une à l’autre et par produire la plus horrible cacophonie…

« Au milieu du duo j’éprouvai cette folle rage de l’enfant qui, désespérant d’apprendre la leçon qu’on lui a donnée à étudier, trépigne et pleure, ferme son livre avec colère et le jette bien loin de lui. De mes doigts crispés je frappai tout à coup le clavier comme l’eussent fait les griffes d’un chat furieux, et, mêlant au hasard les mots allemands et les phrases les plus bizarres, je poussai des cris plus ou moins inintelligibles, des sons inarticulés, incohérents, sauvages. Lassen, toujours calme et souriant à peine, continuait à déchiffrer. Je me retournai pour voir quelle mine faisait le docteur. — Il avait disparu. — Alors Lassen s’arrêta, et j’allais le prier de me dire franchement s’il trouvait une grande différence entre la manière dont le duo avait fini et celle dont il avait commencé, lorsque le docteur reparut. « Continuez, nous dit-il ; j’étais dans « mon cabinet, mais je n’ai pas perdu une note. « N’est-ce pas que c’est admirable (wunderschœn) ?»

Le nom de R. Wagner revient souvent d’ailleurs dans ces Souvenirs d’Allemagne et particulièrement au sujet du poème de l’Anneau du Nibelung. M. Reyer parle des conditions spéciales de mise en scène et d’exécution réclamées dans sa préface par