En France, la nouvelle œuvre de Wagner fut assez pauvrement jugée. Avant même qu’elle eût été représentée, Fétis prévenait déjà l’esprit de ses compatriotes à l’encontre de Tristan et Yseult[1]. « Je ne connais pas cette musique, mais j’ai lu le livret où il n’y a ni conception véritablement dramatique, ni art de la scène, ni bon sens, et le pis, c’est que rien n’est plus ennuyeux. »
La Gazette musicale du 4 juin 1865 insérait une correspondance de Munich sur la répétition générale qui avait eu lieu le 15 mai précédent. L’œuvre de Wagner y est condamnée catégoriquement. « Wagner a donné dans cet opéra un libre cours à sa tendance : écarter toute mélodie et adapter aux paroles et à l’esprit du texte une musique purement déclamatoire, colorée par une instrumentation en harmonie avec les sentiments dramatiques, en rapport avec la situation. De chant véritable, il n’en est pas question ; les voix des chanteurs et le puissant orchestre sont condamnés à gémir, à soupirer, à faire rage et même à hurler comme l’exige le libretto le plus insensé en certaines parties qui ait jamais été fait. »
La première représentation eut lieu le 10 juin seulement. Ce fut un succès d’enthousiasme. L’auteur parut sur la scène aux acclamations du public.
- ↑ La partie biographique de la notice du dictionnaire est faite avec l’étude sur Wagner publiée en 1802 dans la Gazette musicale. Quant à la critique des théories wagnériennes, elle était beaucoup plus développée dans la plus ancienne des deux publications.