cette domination persistante de la civilisation française, l’esprit du peuple allemand se trouve, nécessairement, en antagonisme avec l’esprit de ses princes. Aussi, l’habileté des politiques français a-t-elle consisté à entretenir cet antagonisme, afin de soumettre la nation à leur prépondérance.
Les princes ont payé de la plus noire ingratitude les efforts d’indépendance de l’esprit allemand, bien qu’ils aient dû le salut du pays à l’élan national qui, en 1813, souleva leur peuple contre le conquérant de l’Europe. « Ils étaient débarrassés du despote français, mais ils replacèrent la civilisation française sur le trône pour se laisser gouverner par elle seule, après comme avant. » Quant à la jeunesse allemande, on l’accusa de jacobinisme et les ligues d’étudiants (Burschenschaften) furent traquées et déférées aux tribunaux de la Sainte-Alliance[1]. Seule, la Prusse a su tirer de la période d’essor de l’Allemagne une organisation qui lui permit de gagner la bataille de Kœniggrœtz. Le fait est d’une importance capitale et désormais, « un mot du vainqueur de Kœniggrætz, et une nouvelle force entre dans l’histoire, une force devant laquelle la civilisation française pâlira pour toujours. »
Telles étaient les vues politiques de Wagner ; passons à ses considérations sur l’art. — Les efforts
- ↑ Sur la répression du prétendu jacobinisme des étudiants inscrits aux Burschenschaften, après L’attentat de Band sur Koezebue, M. Louis Ducros donne des détails curieux dans son très intéressant ouvrage : Henri Heine et son temps, 1 vol. in-18, Didot, Paris, 1886.