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ment, cessa de faire figurer des morceaux de Wagner sur les programmes de ses concerts. Cette abstention dura deux ans et demi ; mais, devant le succès obtenu par la marche de Tannhœuser au quatrième festival de l’Hippodrome[1], il pensa que l’irritation des Parisiens contre Wagner avait eu le temps de se calmer. Le moment lui parut favorable pour rendre au maître allemand sa place légitime dans les concerts et il afficha pour le 9 mars, l’ouverture de Tannhœuser.

Elle obtint l’accueil habituel. L’ouverture du Vaisseau-fantôme, exécutée le 30 mars, fut reçue avec indifférence et, le 6 avril, le prélude de Tristan, applaudi par les uns, suscita les protestations ordinaires.

L’heure de Lohengrin semblait venue, M. Pasdeloup risqua une grosse partie en faisant exécuter le premier acte de la partition, moins les premiers récitatifs. La première audition[2] eut lieu le 20 avril 1879, devant une salle comble. L’auditoire se montra très attentif, malgré la faiblesse des interprètes et à la fin de l’acte, après le fougueux finale, il y eut un cri unanime de surprise et d’enthousiasme. Le succès fut très vif, sincère et spontané,

à part quelques actes d’opposition, et doux au cœur

  1. Ces festivals, organisés par M. Vizentini dans la salle de l’Hippodrome, furent à la mole pendant l’hiver de 1879.
  2. Distribution : — Elsa, Mlle Rey ; — Lohengrin, M. Prunet ; — le roi, M. Bacquié ; — Frédéric, M. Séguin ; — le héraut, M. Piccaluga qui, maintenant, chante, aux Bouffes, Joséphine vendue par ses sœurs.