Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/255

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de M. Pasdeloup qui avait si péniblement travaillé à la diffusion de l’œuvre de Wagner. Devant ce résultat, il eut l’idée de donner deux nouvelles auditions, les 8 et 15 mars, dans la soirée.

Le premier soir, la salle était pleine ; beaucoup de personnes entendaient l’œuvre pour la seconde fois. Les applaudissements furent chaleureux et unanimes. Le 15, le public étant moins nombreux, plus divisé, il y eut tapage, cabale, coups de sifflet et scènes de pugilat. La presse entière rendit justice au mérite du fragment exécuté.

« Jamais, à notre avis, écrivait M. «Foncières[1], la musique dramatique n’a atteint ce degré d’intensité dans l’art de tout traduire, de tout peindre, de tout représenter, suivant l’expression de Wagner.

« Sans doute, l’auditeur ne peut analyser tout d’abord les procédés mis en œuvre pour rendre, par la variété du rythme, les moindres battements du cœur ; pour exprimer, au moyen des modulations, ces bouleversements intimes de l’âme, passant de la fureur à la pitié, de la terreur muette à la joie éclatante, pour faire comprendre, par la mélodie, par l’harmonie, quelquefois par le timbre particulier d’une seule note, les sentiments les plus secrets des héros du drame lyrique. Mais si la prodigieuse recherche de représenter fidèlement avec des sons les nuances les plus fugitives de la passion lui échappe, il ne peut cependant se soustraire à l’émotion, que

  1. Liberté du 28 avril 1879.