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Pendant ce temps, les partitions du maître étaient de mieux en mieux comprises au Cirque d’Hiver. Le 4 avril 1880, M. Pasdeloup donnait des fragments de Lohengrin, où se faisait entendre le ténor Warot, et certains morceaux du troisième acte de Tannhœuser, chantés par une artiste allemande, Mme Schrœder, et le baryton Boyer. Ces fragments furent très applaudis.

À partir de cette époque, le succès paraissant acquis aux opéras de Wagner connus depuis longtemps, les sociétés symphoniques rivalisèrent de zèle à exploiter ce succès et pour renouveler leurs programmes, découpèrent des scènes à effet dans les œuvres de la troisième manière.

Toujours habile à profiter de la vogue naissante, M. Colonne, qu’avait enrichi l’engouement subit des Parisiens pour la musique de Berlioz, s’empara des compositions de Wagner quand elles eurent obtenu la faveur du public et lui semblèrent devoir attirer la foule au Châtelet, Ce fut le 1er février 1880 qu’il osa, pour la première fois, faire exécuter l’ouverture de Tannhœuser. Cette tentative, dans un concert qui avait fait ses débuts à l’Odéon, sous le nom de Concert national et qui, jusque-là, avait servi surtout à faire connaître les œuvres de la jeune école française, lui paraissait un acte d’audace périlleuse, car il avait tenu à apaiser les susceptibilités patriotiques en faisant précéder l’ouverture de Tannhœuser d’une série de symphonies et suites d’orchestre de nos jeunes maîtres. Afin de satisfaire tous les