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goûts, il avait fait entendre, aussitôt avant la musique de Wagner, la valse lente et les pizzicati de Sylvia. Malgré cet holocauste destiné à désarmer l’opposition, il tremblait fort, — je le vois encore, — en dirigeant le finale de l’ouverture, prudemment reléguée, d’ailleurs, à la fin du concert. Sa hardiesse, — puisque hardiesse il y avait, — fut accueillie par une salve d’applaudissements unanimes.

14 novembre 1880. — Première audition de Siegfried-Idyll, pièce d’orchestre composée par Wagner en 1871 pour la fête de sa femme, sur des thèmes de Siegfried. Le morceau fut écouté respectueusement, dans un silence de surprise, à cause de la douceur et de la grâce de cette musique. Sans les redites trop fréquentes des motifs, l’œuvre eût été beaucoup plus appréciée, tandis qu’elle fut reçue au Châtelet avec une indifférence presque générale.

Le 19 décembre 1880, le baryton Labis, au Cirque d’Hiver, chantait les Adieux de Wotan à Brunehild et l’incantation du feu de la Walküre. Morceau applaudi, sans avoir été probablement très bien compris. M. J. Weber[1] y trouvait « des accents très beaux dont l’Opéra pourrait faire son profit pour nous débarrasser des poncifs qu’on nous donne sous le nom de récitatifs. La partie de l’orchestre est superbe, et la musique descriptive qui accompagne l’apparition du feu, fort curieuse. »

Le 23 janvier suivant, M. Colonne faisait entendre

  1. Temps du 21 décembre 1880.