Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le compositeur qu’il faut pour composer de ces grandes machines officielles. Son Huldigung’s-marsch est une marche quelconque assez vulgaire et, de plus, extraordinairement bruyante ; elle a dû primitivement se jouer en plein air et ne devrait pas se jouer ailleurs. »

Le succès de Parsifal, qui, pour beaucoup de musiciens, est le chef-d’œuvre de Wagner, eut le don d’exaspérer les compositeurs français. M. Joncières, à propos d’une reprise du Prophète à l’Opéra, fit une violente sortie[1] contre Wagner et les wagnériens, au sujet de l’opéra historique répudié par eux. Il se vantait, très justement d’ailleurs, d’avoir été en France l’un des wagnériens de la veille et s’écriait avec humeur : « Il y avait peut-être quelque courage à se prononcer en faveur de Wagner, alors qu’il passait pour un insensé ; mais, actuellement, faut-il faire tant de tapage pour enfoncer des portes ouvertes ? »

Mais, tout en admirant le génie de Wagner, il disait n’avoir jamais été très attiré par sa conception mystique du drame lyrique. « Eh quoi ! une action qui se déroule en France pendant la nuit terrible de la Saint-Barthélémy serait moins intéressante qu’une légende fabuleuse perdue dans les nuages qui environnent le mont Salvat !… Cette admirable scène du Prophète où Jean doit renier sa mère et où celle-ci, pour sauver la vie de son fils, se

  1. Liberté du 13 novembre 1882.