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inférieure au Kaisermarsch et même au Huldigungsmarsch, destiné d’ailleurs à une exécution en plein air, et l’ouverture pour Faust, déjà connue par les concerts Pasdeloup et que les habitués du Château-d’Eau, entraînés par leur ardeur de néophytes, applaudirent comme un chef-d’œuvre, alors que cette ouverture est en réalité d’un style banal et démodé. Le succès factice de ces deux morceaux était un symptôme de la conversion de la masse du public à la musique de Wagner, qui encouragea les audaces de M. Lamoureux.

L’un de ses projets favoris consistait à faire connaître à ses abonnés la partition de Tristan et Yseult. Il mit d’abord à l’étude le premier acte qui fut exécuté avec le plus vif succès le 2 mars 1884[1]. Il faut reconnaître aussi que les programmes explicatifs distribués par la Société des Nouveaux-Concerts, relatant l’origine et la date des morceaux, définissant leur caractère et, pour les scènes vocales, analysant le livret quand il serait trop long de le reproduire entièrement, ont beaucoup aidé le public à la compréhension des œuvres les plus ardues de Wagner.

Dans un long article très sérieux et très bien fait sur la partition de Tristan et Yseult (Français du 11 mars 1884), M. Ad. Jullien faisait remarquer, suivant son habitude et très justement d’ailleurs, que la musique dramatique de Wagner n’est pas

  1. Tristan : M. Van Dyck ; — Yseult, Mme Montalba ; — Kurvenal : M. Blauwaërt ; — Brangæne : Mme Boidin-Puisais.