Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/300

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faite pour être transportée au concert. L’enthousiasme du public n’en est que plus significatif. « Ce n’était pas une petite affaire, pour un auditoire parisien, que d’entendre un acte entier pendant lequel il n’y a pas le plus petit intervalle ou repos pour applaudir ou respirer, où tout s’enchaîne et se tient si bien que l’oreille ne perçoit aucun point de soudure en cette symphonie ininterrompue au-dessus de laquelle les personnages déclament et chantent leur partie avec une intensité d’expression superbe et sans jamais plus se répéter qu’on ne ferait dans un drame sans musique. »

— « Qui eût dit, il y a vingt ans, s’écriait M. Joncières, qu’un jour viendrait où une œuvre aussi avancée que Tristan et Yseult serait acclamée par 3,000 auditeurs français ? » Son feuilleton[1] est entièrement dithyrambique. Une citation au hasard. « Cette entrevue (l’entrée de Tristan dans la tente d’Yseult) est une des plus admirables pages de la musique dramatique. Ce n’est pas avec des mots qu’on peut donner une idée de ces phrases passionnées, de ce débordement de passion. »

Même enthousiasme chez M. Fourcaud[2]. « Le public sent qu’on le met en présence d’une création absolue ; il est inquiet, surpris, puis le charme opère, la grandeur de l’œuvre se dévoile et le concert s’achève en d’unanimes applaudissements. »

M. Ch. Darcours (Figaro du 12 mars) constate le

  1. Liberté du 11 mars 1884.
  2. Gaulois du 4 mars 1884.