Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/301

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très grand succès et apprécie particulièrement la scène finale. « La fin de l’acte, avec les fanfares éclatantes sur le rivage et les clameurs des matelots auxquelles s’entremêlent les accents déchirants de Tristan et d’Yseult, est une page musicale d’une incomparable puissance, mais son effet a été immense, surtout parce qu’elle est traitée avec la logique du théâtre, du moins telle qu’on l’entend dans notre pays. »

M. Ernest Reyer (Débats du 22 mars) eut la bonne foi méritoire de rappeler lui-même les pages écrites un peu légèrement dans ses Souvenirs d’Allemagne sur la partition de Tristan que lui avait jouée au piano son ami Ed. Lassen, vingt ans auparavant, pendant son séjour à Weimar et de faire amende honorable à Wagner.

« Quelle métamorphose s’était opérée depuis vingt ans dans mes facultés musicales ! Mais aussi quelle différence dans les moyens d’exécution ! C’était la première fois que j’entendais Tristan et Yseult à l’orchestre. Ce travail instrumental, pourtant si compliqué, est d’une beauté réelle. N’y cherchez point les piquantes sonorités, les ingénieuses oppositions de timbres que vous aimeriez peut-être à y rencontrer et auxquelles d’autres œuvres qui certainement ne valent pas celle-là et ne sont pas conçues dans le même esprit vous ont habitués. Ce sont des flots d’harmonie qui vous enveloppent avec des intensités diverses obtenues par des procédés qui, il faut bien le dire, ne varient guère. Quant à l’ab-