Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rement à toutes les règles de la mélodie vocale et produisent cependant pour l’oreille, par leur fusion harmonieuse avec le chant et le timbre des instruments, une impression mélodique d’une ineffable gravité, la péroraison éthérée et vaporeuse de ce morceau sur laquelle flotte la voix de Brangæne, le motif lent et voilé qui lui succède, le cantabile à 6/8 :


Mourons tous deux pour vivre unis
   Dans l’espace sans limite !…


développé par la suite à l’orchestre en une mélodie passionnée, qui reparaîtra, à la fin du drame, avec une envolée lyrique, pour accompagner la transfiguration d’Yseult, l’une des plus admirables pages de l’œuvre de Wagner. »

À la même époque, le théâtre de la Monnaie à Bruxelles donnait la première représentation[1] des Maîtres-Chanteurs de Nuremberg, traduits en français par M. V. Wilder. La presse parisienne y fut conviée ; cependant le Temps et le Figaro se bornèrent à insérer les dépêches de leurs correspondants de Belgique, constatant un très grand succès, mais peu intéressantes comme valeur critique.

M. Ernest Reyer ne put aller à Bruxelles pour la première des Maîtres-Chanteurs ; mais s’il ne fit pas de cette représentation le sujet d’un feuilleton pour les Débats, il avait déjà formulé un jugement très élogieux sur la partition de Wagner dans une lettre publiée le 18 mars 1882, lettre non signée, où il ren-

  1. 7 mars 1885.