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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/310

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dait compte à ses lecteurs de la saison musicale de Londres. « Je vous dirai, pour vous affrioler, qu’il y a dans cette partition essentiellement mélodique, des chœurs d’un brio, d’une fraîcheur incomparables, et qui sont à la gaieté allemande ce que les chœurs des opéras d’Auber sont à l’esprit français. Dans un style tout opposé, je vous citerai le choral religieux de l’introduction qui est un morceau superbe, le chant de Walther : Am stillen Herd, inspiration délicieuse et d’une suprême élégance, puis cette triomphale mélodie, comme l’a justement appelée un de nos critiques, dont l’éclat couronne si brillamment la scène du concours, fleur aux couleurs harmonieuses, au parfum exquis, qui arrive à son complet épanouissement, après avoir traversé et embaumé tout l’ouvrage. »

« Ces deux créations (de Wagner), écrivait M. Ad. Julien (Français du 24 mars), — Tristan et les Maîtres-Chanteurs, — ont mûri simultanément dans sa tête ; elles sont comme jumelles et tout porte à penser qu’en choisissant un sujet aussi dissemblable de ceux qu’il traitait d’habitude, en faisant chanter de braves bourgeois, de simples artisans après l’héroïque chevalier breton et la fière princesse d’Irlande, il voulait d’instinct se bien prouver que les théories formulées en déduction de ses précédents ouvrages s’appliquaient à l’opéra-comique aussi bien qu’à l’opéra et qu’elles étaient, par conséquent, capables de résister à toutes les attaques de la routine et du parti pris. »