Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans la première, la musique de Wagner, malgré les discussions quelle fit naître, faillit s’imposer chez nous. J’ai essayé, — on l’a vu plus haut, — d’établir les responsabilités dans la chute de Tannhœuser à l’Opéra. Le dédain des journalistes ignorants et superficiels s’accorda avec la cabale pour abuser la grande majorité du public qui, en somme, resta impartiale. Les plus compétents s’étaient prononcés une fois pour toutes contre la musique de l’avenir, patronnée seulement alors par des poètes et des littérateurs.

Dans la seconde période, la critique réactionnaire a triomphé, semant les préventions contre l’auteur de Tannhœuser et de Lohengrin. Quelques esprits indépendants, quelques artistes de bonne foi, comme Gasperini, comme MM. Reyer, Schuré, Léon Leroy, M. et Mme Mendès, essaient d’amener à comprendre l’art de Wagner un public habitué à des sensations artistiques toutes différentes. Mais l’opposition continue de la part des doctrinaires de la Revue des Deux-Mondes, du Ménestrel et de la Gazette musicale. Le public, livré à ses impressions personnelles, se divise en deux camps dont l’un, le parti wagnérien, recrute d’année en année de nouveaux adhérents. Cette éducation du public s’est faite, il faut le dire hautement, grâce à la persévérance de M. Pasdeloup à imposer les œuvres contestées. En même temps, aux partisans exclusifs des conventions de la musique théâtrale, avaient succédé dans la presse un certain nombre de critiques instruits, compé-