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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

d’accord exhalés par les trompettes dont l’auteur fait grand abus dans toutes ses compositions. » Sur l’introduction (Réveil du matin) : « Après cette opposition grossière (entre les cordes et les instruments de cuivre) familière à M. Wagner, creuse antithèse qui dispense d’avoir une idée, on ne perçoit plus qu’une confusion de sonorités étranges, d’accords péniblement cherchés, qu’un gaspillage de couleurs sans un dessin qui les supporte et oriente l’oreille éperdue et l’on assiste à un immense effort de la volonté dépourvue de grâce et qui n’aboutit qu’au néant. » Le prélude de Tristan et Yseult « est un entassement de sons discordants. » Celui de Lohengrin, « des sonorités étranges, des harmonies curieuses qui ne se tiennent pas ensemble et qui n’aboutissent à aucune idée saisissable. On dirait d’un organiste essayant un nouvel instrument et promenant au hasard ses doigts sur le clavier pour faire valoir l’éclat des différents jeux. »

Scudo se déclare satisfait de la marche de Tannhœuser et appelle « une conception de maître toute cette scène du 3me acte de Lohengrin (la marche nuptiale). La marche des fiançailles avec chœur est grandiose, d’une large et belle composition, bien que l’idée principale sur laquelle est bâtie la marche appartienne à Mendelssohn. »

Un annaliste musical, l’auteur des Concerts de Paris en 1860, Ernest Fillonneau, rappela les trois auditions d’œuvres de Wagner au Théâtre-Italien, et à ce propos, ne manqua pas d’accuser Wagner de