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procès dont il sera parlé plus loin, c’est le 27 décembre 1859 que Roche reçut de Wagner la mission de traduire Tannhæuser. Roche était poète, ses vers ne sont pas sans mérite[1] ; il était musicien, mais il ne savait pas l’allemand. Il s’adjoignit, pour pénétrer le sens du poème, un de ses amis, d’origine allemande, Richard Lindau, établi à Paris comme professeur de chant (frère de Paul Lindau, le célèbre critique), qui devait en faire d’abord une traduction littérale. Lindau n’allait pas vite en besogne ; en février 1860, il n’avait traduit encore que le premier acte. Le 12 mars, Wagner lui écrit pour lui demander des nouvelles de son travail et lui annoncer que « l’Empereur a donné l’ordre de représenter Tannhæuser d’ici à six mois », qu’il ait donc à se hâter.

La traduction littérale était ensuite ver-

  1. Parmi les poésies de Roche, il s’en trouve une qui est dédiée à R. Wagner. Elle est intitulée le Chêne et le Roseau ; c’est une sorte de suite à la fable de La Fontaine, qui se termine ainsi ;

    Mais pour le chêne altier comme pour le génie,
    Il vaut mieux rompre que plier.

    Ce genre de la fable semblait le séduire, car il y a dans le même volume plusieurs pièces intitulées fables ; l’une est dédiée à Édouard Lalo, l’autre à J. Armingaud, qui venaient souvent faire de la musique de chambre chez lui.