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fram, Wagner désirait l’offrir à Faure ; mais le célèbre baryton qui, peu satisfait des appointements que lui donnait Roqueplan à l’Opéra-Comique, avait résilié son engagement au mois de mars 1860, pour aller chanter en italien à Covent-Garden le rôle d’Hoël dans le Pardon de Ploërmel, exigea des conditions pécuniaires trop onéreuses (8, 000 francs par mois). Obin, à qui le rôle avait été donné tout d’abord par la direction, le trouva trop haut pour sa voix. Au Théâtre-Italien, Wagner avait remarqué le baryton Morelli ; on dut le faire entrer à l’Opéra pour représenter Wolfram. Mme  Tedesco lui parut seule digne d’incarner la blonde Vénus. Quant à Marie Sax, elle obtint, par faveur extrême, le rôle d’Élisabeth. De superbes décors furent commandés ; aucune dépense ne fut épargnée pour obtenir la mise en scène la plus somptueuse. Wagner était ravi de la pompe déployée pour encadrer son œuvre,

    un grand et bel homme à figure expressive. Sa voix était large et généreuse, sans doute insuffisamment assouplie par la vocalisation, mais très propre à la déclamation nette et saisissante. Le chanteur était, du reste, remarquablement intelligent. Il avait, en arrivant à Paris, un accent allemand très prononcé. Tous les d devenaient des t, tous les f des v, tous les b des p et réciproquement. Au bout de trois semaines, je pus déjà constater un progrès énorme et Wagner fut extrêmement satisfait. »