Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/69

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Prosper Mérimée[1], écrivait le 21 mars :


Un dernier ennui, mais colossal, a été Tannhæuser. — Il me semble que je pourrais écrire demain quelque chose de semblable en m’inspirant de mon chat marchant sur le clavier d’un piano. La représentation était très curieuse. La princesse de Metternich se donnait un mouvement terrible pour faire semblant de comprendre et pour faire commencer les applaudissements, qui n’arrivaient pas. Tout le monde bâillait, mais d’abord, tout le monde voulait avoir l’air de comprendre cette énigme sans nom. On disait sous la loge de Mme de Metternich que les Autrichiens prenaient la revanche de Solférino. On a dit encore qu’on s’ennuie aux récitatifs et qu’on se tanne aux airs… Le fiasco est énorme ; Auber dit que c’est du Berlioz sans mélodie.


Autres mots attribués à Auber : — « C’est comme si on lisait, sans reprendre haleine, un livre sans points ni virgules » ou — « Comme ce serait mauvais si c’était de la musique ! » Rossini, interrogé sur le mérite de l’œuvre, répondait : — « Puisqu’il s’agit de la musique de l’avenir, je me prononcerai dans une cinquantaine d’années ». — Ou bien, il plaçait à l’envers sur son piano la partition de Tannhæuser. Quelqu’un lui en faisant l’observation, il répondait : —

  1. Lettres à une inconnue.