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CYRANETTE

les rejoindre. Tout le monde s’ennuie à Oak Grove. Il n’y a que Robert pour s’y plaire. Mais, lui, il n’est pas comme tout le monde. Il s’occupe, d’abord. Puis, tout comme toi, il adore la lecture. Enfin, il est poète pour de bon et fait des vers à ses moments perdus, ce que je ne savais pas. Depuis que je le sais, il m’en récite quelquefois. Seulement, ce sont des vers anglais et il n’y a rien de plus difficile à comprendre que ces vers-là, quand ils ont ce que tu appellerais une certaine tenue littéraire. Moi je ne m’y connais pas énormément. Ce doit être très noble, très supérieur à la moyenne, très beau. Rien que le rythme m’en berce comme une musique ; mais, à la vérité, je n’en saisis qu’imparfaitement le sens qui s’applique, je crois, à l’amour et à la mort.

« L’Amour ! La Mort ! Pourquoi, en français, les deux mots sonnent-ils presque de même et pourquoi les rapprocher sans cesse, comme s’ils ne pouvaient aller l’un sans l’autre ? Les poètes tiennent donc bien à ce que l’on meure d’amour ?

« Je divague, ma pauvre chérie. Voilà où nous mènent les imprudences, n’est-ce pas, dear Gerty ? Ça, c’est juste. Et, puisque rhume il y a, qu’est-ce que je prends pour le mien, ô Nise !… »