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Page:Sevestre - Cyranette, 1920.djvu/38

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voir, car elle est un peu forte et poussive. Quand j’aurai son âge, j’espère bien être plus mince. Et, entre nous, je crois que mon talent sera supérieur au sien.

— Tu ne comptes pas te vouer entièrement à la musique ? dit M. Daliot, avec un soupçon d’inquiétude.

— Oh ! non… Il faut savoir varier ses plaisirs. L’ennui ne naît-il pas de l’uniformité ? Mais, vrai, je suis bien contente de ma journée, papa. Juge donc ! C’est moi qui ai fait la plus belle recette à la quête. Deux cent cinquante-sept francs. Il n’y a que Mlle Yvonne Meris qui m’ait approchée. Encore est-il qu’elle n’y a pas grand mérite. Une fille de préfet, tu comprends ; les « officiels » sont obligés de la favoriser… C’est égal, termine Liette, je connais un petit père qui ne dira pas que ses filles ne lui font pas honneur !

Cependant, Nise, qui suit avec sa maman, médite sur les lenteurs de la poste par ce temps de guerre et suppute le temps approximatif qu’il faut à une lettre pour voyager de France en Italie et vice versa. Cinq ou six jours au bas mot et huit peut-être, sinon davantage, à cause des formalités militaires. Or, il n’y en a pas quatre qu’elle a écrit à Mr. Robert Wellstone, sous le couvert de Liette. En admettant même qu’il réponde tout de suite, sa réponse peut donc se faire désirer pendant quelques jours encore. Et c’est long !

Si long, en vérité, que Denise a l’impression d’avoir attendu une éternité quand arrivent enfin les nouvelles qu’elle souhaite ardemment. Bien entendu, elles sont destinées non pas à elle en personne, mais à Mlle Juliette Daliot, puisque c’est Mlle Juliette qui a, soi-disant, accusé réception de la carte. Et non moins logiquement, c’est Liette qui décachette la seconde missive de Mr. Robert Wellstone. Elle lui paraît d’ailleurs moins « baroque » que la première. Et Nise n’y