Page:Sewrin, Brazier Jean qui pleure et Jean qui rit - 1815.djvu/10

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Air : Çà fait toujours plaisir.

Quand j’épousai ta mère,
Je n’avais que vingt ans.
À peine la commère
Entrait dans son printems.
Le jour de Sainte Aglaure,
Quand je peux la fleurir,
Elle me dit encore
Avec un doux soupir…
Çà fait (bis) toujours plaisir.

BEAU-SOLEIL.

Dites donc, papa : vous n’avez pas encore vu sortir l’aimable Aurore, la fille de M. Lepiteux ?

GUILLERET.

Aurore ? Tu y penses encore ?

BEAU-SOLEIL.

Plus que jamais…

GUILLERET.

Et ses parens, veulent-ils de toi ?

BEAU-SOLEIL.

Je le présume. Je suis si complaisant pour eux. Ils aiment la lecture : je leur lis tous les jours le Château du Diable, la None sanglante, et autres folies semblables. Me prient-ils de chanter ? je chante des romances qui leur fendent le cœur. Veulent-ils que je raconte une histoire ? je leur dis celle de ce pendu qui revenait tous les soirs crier d’une voix lugubre : rends-moi ma jambe, rends-moi ma jambe.

GUILLERET.

Comment, diable !

BEAU-SOLEIL.

Oui, je me conforme aux goûts de M. et madame Lepiteux pour qu’ils me voient avec plaisir et me donnent leur fille en mariage.

GUILLERET.

Par exemple !

BEAU-SOLEIL.
Air : Vaud. de Partie carrée.

Vous le voyez, je suis un malin drille,
De tous mes soins ils seront intrigués.

GUILLERET.

N’aurais-tu pas, pour obtenir leur fille
Quelques moyens un peu plus gais ?

BEAU-SOLEIL.

Ces bonnes gens, que je plains, que j’excuse,
Aiment ce qui peut les navrer.