Page:Sewrin, Brazier Jean qui pleure et Jean qui rit - 1815.djvu/12

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Scène III.

JEAN GUILLERET, JEAN LEPITEUX.
LEPITEUX, sortant de chez lui, appercevant Guilleret.

Je m’en doutais.

GUILLERET, gaîment.

Eh ! voilà M. Jean Lepiteux ! Quand on parle du loup…

LEPITEUX.

C’est lui-même en personne naturelle. Je vous dis que je m’en doutais.

GUILLERET.

Et de quoi donc ?

LEPITEUX.

Depuis une heure que j’entends de chez moi rire, chanter, crier ; je me doutais bien que c’était vous.

GUILLERET.

Nous étions deux : mon fils et moi.

LEPITEUX.

Dieu merci, vous parliez comme quatre ; il ne manquait plus que votre femme ici.

GUILLERET.

Au fait, quand nous sommes ensemble, c’est à qui mieux mieux.

LEPITEUX.

Vous êtes bien heureux.

GUILLERET.

Mais il me semble que vous pouvez vous procurer ce bonheur-là.

LEPITEUX.

J’envie tous les jours votre sort.

GUILLERET.

Vous êtes vraiment bien à plaindre.

LEPITEUX.

Je suis peut-être plus à plaindre que vous ne croyez.

GUILLERET.

À qui le dites-vous ?


Air : Où s’en vont ces gais bergers ?

Voisin, vous avez au moins
Dix-mille écus de rente.

LEPITEUX, soupirant.

Eh ! mon ami, vous ne savez pas ce que c’est que d’avoir dix mille écus de rente… je ne vous les souhaite pas.