— Leurs têtes, veux-je dire ; oh ! comme cette vilenie — m’enivre de sa seule idée ! — Que les fous fassent le bien, et que les hommes blancs invoquent la grâce ! — Aaron veut avoir l’âme aussi noire que la face.
— Oh ! j’élève vers le ciel cette main unique, — et j’incline cette faible ruine jusqu’à terre ; — s’il est une puissance qui ait pitié des misérables larmes, — c’est elle que j’implore…
— Quoi ! tu veux t’agenouiller avec moi ! — Fais-le donc, cher cœur ; car le ciel entendra nos prières, — ou avec nos soupirs nous assombrirons le firmament, — et nous ternirons le soleil de leur brume, comme parfois les nuages, — quand ils l’enferment dans leur sein fluide.
— Ah ! frère, parle raisonnablement, — et ne te précipite pas dans l’abîme du désespoir.
— Mon malheur n’est-il pas un abîme, lui qui est sans fond ? — Que mon affliction soit donc sans fond comme lui.
— Mais du moins que la raison gouverne ta désolation.
— S’il y avait une raison pour de pareilles misères, — alors je pourrais contenir ma douleur dans des limites. — Quand le ciel pleure, est-ce que la terre n’est pas inondée ? — Si les vents font rage, est-ce que l’Océan ne devient pas furieux ? — Est-ce qu’il ne menace pas le ciel de sa face écumante ? — Et tu veux une raison à ces lamentations !