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SCÈNE VI.

avons, nous, des épées sans remords, — et elles plaideront pour nous et pour nos intérêts. — Pourtant encore un mot, avec la permission de mon père : — s’il est vrai que ton langage insolent soit empoisonné — des mensonges les plus scandaleux et les plus notoires, — et que la cause soutenue par nous est vraiment juste, — puisse la bataille où nous nous mesurerons aujourd’hui se terminer en conséquence ! — Puisse l’un de nous deux réussir et triompher — ou subir, par la malédiction de la défaite, une éternelle humiliation !

édouard.

— Il est inutile de prolonger cette discussion ; je suis sûr, — et j’en prends à témoin sa conscience, que le droit est pour moi. — Ainsi, Valois, parle, consens-tu à abdiquer, — avant que la faux ait entamé le blé, — avant que l’étincelle de ma furie soit devenue un incendie ?

le roi jean.

— Édouard, je sais quels sont tes droits sur la France ; — avant que j’aie bassement abdiqué la couronne, — ce champ de bataille sera devenu une mare de sang, — et tout l’horizon, un charnier.

le prince de galles.

— Oui, cela prouve bien, tyran, ce que tu es. — Tu n’es pas le père ni le pasteur couronné de ton royaume, — mais un despote qui déchire de ses mains les entrailles de son pays — et qui lui suce le sang avec la voracité du tigre.

audley.

— Pairs de France, pourquoi soutenez-vous un homme — qui est à ce point prodigue de vos existences ?

CHARLES, à Audley.

— Et qui donc soutiendraient-ils, vieil impotent, — sinon celui qui est leur souverain légitime ?

ÉDOUARD, à Charles.

— Tu le railles, parce que sur sa face — le temps a gravé les caractères profonds de la vieillesse ! — Sache que