— Lui-même, seigneur, venu pour vous porter secours !
— Oui, vraiment, seigneur ; et moi, je suis Hodge, votre pauvre garçon de forge. — Allez ! j’ai bien des fois ferré votre chargeur gris.
Et à quoi peux-tu m’être utile ici ?
— Très-utile, si vous me laissez faire, milord. — Vous savez que les Mantouans — sont ennemis mortels de ces Bolonais. — Ils vous aiment et vous honorent, milord. — Et, si vous pouviez seulement gagner la route de Mantoue, — vous seriez sauvé en dépit de toutes les forces de Bologne.
— Bah ! mon brave, tu parles de choses impossibles ; — ne vois-tu pas que nous sommes traqués de tous côtés ? — Comment donc pourrions-nous nous échapper ?
— Par la force, non ! par la ruse, oui ! — Mettez sur vous les vêtements de Hodge, — et donnez-lui les vôtres. Les magistrats ne vous reconnaîtront pas, — car ils n’ont jamais vu votre visage, je crois. — Ensuite, je n’aurai plus qu’à les faire entrer au signal convenu — et à leur demander pour nous un sauf-conduit — jusqu’à Mantoue où je leur dirai que j’ai affaire. — Que pense votre seigneurie de cette idée ?
— Oh ! merveilleuse ! mais veux-tu en courir le risque, Hodge ?
— Si je le veux ! mon noble lord, je consens à tout ce que je puis faire, — et j’accepte tout, pour vous délivrer ; fasse la fortune ce qu’elle voudra !