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LA PURITAINE OU LA VEUVE DE WATLING STREET.

george.

Bah ! ne t’alarme pas, vieil Escarmouche. Que ceci te rassure : Facilis descendus Averni, le chemin de la coquinerie est bien facile ; tu pourras être un coquin quand tu voudras. La paix est une bonne fille pour toutes les autres professions, et une fieffée drôlesse pour nous. Traitons-la en conséquence, et ingénions-nous pour faire fortune en dépit d’elle. En effet, la justice vit de querelles, le courtisan de doucereux bonjours, et chaque état prospère par quelque imperfection. Pourquoi alors ne prospérerions-nous pas nous-mêmes par des artifices, par des ruses, par des supercheries ? Puisque notre cervelle est notre unique patrimoine, dépensons-la avec jugement, non comme un fils de famille extravagant, mais comme un bachelier sobre et discret, qui jamais ne dépasse les limites de sa pension. Quant à nos ressources, les voici. Je prendrai, moi, le rôle de diseur de bonne aventure, oui, de diseur de bonne aventure.

escarmouche.

Parfait !

george.

Et vous, celui de devin, d’enchanteur.

escarmouche.

D’enchanteur !

george.

Laissez-moi faire, je vous instruirai, et je vous apprendrai à tromper tous les regards, hormis ceux du diable.

escarmouche.

Oh ! oui ! car le diable est, de tous les êtres, celui que j’ai le moins envie de tromper.

george.

Ne craignez rien, je réponds de tout… Par ce moyen nous nous aiderons l’un l’autre auprès des patients ; car il