Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1867, tome 3.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
345
SCÈNE V.

george.

Écoutez-moi donc. — Quant à votre fille cadette, elle sera frappée de mutisme. —

moll.

De mutisme ! miséricorde ! C’est de toutes les peines la pire pour une femme. J’aimerais mieux être folle, courir nue, n’importe quoi !… muette !

george.

Prêtez l’oreille. Avant que la nuit tombe sur les collines, les marais et les prairies, ma prédiction aura été soumise à l’épreuve, et dès lors je devrai être cru en conséquence.

lady plus.

S’il dit vrai, nous sommes toutes déshonorées, toutes perdues.

moll.

Muette ! Ah ! je vais parler autant que je pourrai, d’ici à ce soir.

george.

Mais s’il arrive (ce que je désire fort dans votre intérêt) que les étranges destinées qui vous menacent soient prévenues par cet incident de mortelle effusion de sang dont je viens de vous parler, écoutez-moi, il y va de votre vie.

À lady Plus et à Frances.

Vous deux qui avez fait vœu de ne jamais vous marier, vous devrez chercher des maris au plus vite.

À Moll.

Et vous, la troisième, qui avez un tel désir de dépouiller la chasteté virginale, vous ne devrez plus vous occuper de mariage.

moll.

Double tourment !

george.

Si vous vous soustrayiez à cette injonction, vous maintiendriez votre père dans le purgatoire, et les peines que