Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 3.djvu/427

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SNOUT. — Ô Bottom, comme te voilà changé ! Que vois-je donc là sur tes épaules ?

BOTTOM. — Qu’est-ce que tu vois ? Tu vois une tête d’âne, qui est la tienne ; n’est-ce pas ? (Snout sort.)

(Quince rentre.)

QUINCE. — Dieu te bénisse, Bottom ! Dieu te bénisse ! Te voilà métamorphosé. (Il sort.)

BOTTOM, seul. — Je vois leur malice : ils veulent faire un âne de moi, pour m’effrayer, s’ils le peuvent. Mais, moi, je ne veux pas bouger de cette place, quoi qu’ils puissent faire. Je vais me promener ici en long et en large, et je vais chanter, afin qu’ils comprennent que je n’ai pas la moindre peur. (Il chante.)

Le merle au noir plumage,
Au bec jaune comme l’orange,
La grive avec son chant si gai,
Le roitelet avec sa petite plume.

TITANIA, s’éveillant.—Quel ange me réveille sur mon lit de fleurs ?

BOTTOM chantant.

Le pinson, le moineau et l’alouette,
Le gris coucou avec son plain-chant,
Dont maint homme remarque la note,
Sans oser lui répondre non.

Car en effet, qui voudrait compromettre son esprit avec un si fol oiseau ? Qui voudrait donner un démenti à un oiseau, quand il crierait, coucou, à perte d’haleine ?

TITANIA. — Ah ! je te prie, aimable mortel, chante encore. Mon oreille est amoureuse de tes chants, mes yeux sont épris de ta personne ; et la force de ton brillant mérite me contraint, malgré moi, de déclarer, à la première vue, de jurer que je t’aime.

BOTTOM. — Il me semble, madame, que vous n’auriez guère de raison pour m’aimer ; et cependant, à dire la vérité, la raison et l’amour ne vont guère aujourd’hui de compagnie : c’est grand dommage que quelques braves