Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 5.djvu/125

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Lear. – C’est un bon garçon, je peux vous l’assurer : il sait frapper, et preste encore. Il est mort et pourri.

Kent. – Non, mon bon maître : c’est moi-même.

Lear. – Je vais voir cela tout à l’heure.

Kent. – C’est moi qui, depuis le commencement de vos vicissitudes et de vos pertes, ai suivi vos tristes pas.

Lear. – Vous êtes ici le bienvenu.

Kent. – Ni moi, ni personne : tout est ici triste, sombre et dans le deuil. Vos filles aînées ont prévenu leur arrêt, et ont péri d’une mort désespérée.

Lear. – Oui, je le crois bien.

Albanie. – Il ne sait pas ce qu’il dit, et c’est en vain que nous nous offrons à ses yeux.

Edgar. – Oh ! très-inutilement.

Entre un officier.

L’officier. – Seigneur, Edmond est mort.

Albanie. – Ce n’est qu’une bagatelle ici – Vous, seigneurs et nobles amis, écoutez nos intentions. Tout ce qui sera en notre pouvoir pour réparer ce grand désastre, nous le ferons. Pour nous, durant la vie du vieux roi, nous lui remettons l’absolu pouvoir. A Edgar et à Kent. — Nous vous rétablissons dans tous vos droits, en y ajoutant de nouveaux honneurs que votre noble conduite a plus que mérités. Tous nos amis recevront la récompense de leurs vertus, et nos ennemis boiront dans la coupe amère qui leur est due – Oh ! voyez ! voyez !

Lear. – Et ils ont étranglé mon pauvre fou ! Non, non,