Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 6.djvu/22

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20 LE MARCHAND DE’ve’N1ss.

été écrit pour légitimer le prêt ãrintérêt ? Votre or et votre argent sont-ils des brebis et des beliers ?~-SHYLOCK.-J e ne saurais vous dire ; du moins je les fais engendrer aussi vite. Mais faites attentionàcela, seigneur. AIVLPONIO, à Bassanio.-Et vous, remarquez, Bassanio, que le diable peut employer ai. ses fins les textes de l’Écriture. Une méchante ame qui s“autorise d’un saint témoignage ressemble à un scélérat qui ale sourire sur ses lèvres, zi une belle pomme dont le cœur est’pourri. Oh ! de quels beaux dehors se couvre la friponnerie ! snvtocx.-Trois mille ducalsl c’est une bonne grosse somme. Trois mois sur les douze. Voyons un peu lfinf terêt.

ANTONIO.-Eh bien ! Shylock, vous serons-nous redevables ?

snvnocir.-Seigneur Antonio, mainte et mainte fois vous m’avez fait des reproches au Rialto sur mes prêts et mes usances. Je n’y ai jamais repondu qu’en haussant patiemment les épaules, car la patience est le caractère distinctif de notre nation. Vous m’avez appelé mecréant, chien de coupe-gorge, et vous avez crache sur ma casaque de juif, et tout cela parce que j’use à mon gré de mon propre bien. Maintenant il parait que vous avez besoin clèrmon secours, cfesthon. Vous venez ga moi alors, 'et vous dites : fl Shylock, nous voudrions de l’ar<= gent. -› Voilà ce que vous me dites, vous qui avez expectore votre rhume sur ma barbe ; qui m*avez repousse du pied, comme vous chasseriez un chien étranger venu sur ie seuil de votre porte. (Test de l’argent que vous demandez !.T e devrais vous répondre, dites, ne.devrais je pas vous répondre ainsi : « Un ehiena-t-il de Pzîrgent ? « Est-il possible qu’un roquet prete trois mille ducats ? » Ou bien irai-je vous saluer profondément, et dans Pattitude d’un esclave, vous dire d’une voix, basse et timide, : « Mon beau monsieur, vous avez crache sur moi mer-« crecli dernier, vous mfavez donne des coups de pied « un tel jour, et ¿une autre fois vous mÎavez appele «J chien ; en reconnaissance de ces bons traitements, je « vais vous prêter tant d’argent ? »