Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 6.djvu/266

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262 LE R01 JEAN.

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moi un regard du doute comme pour me demander de ml expliquer en paroles expresses, une honte profonde rrfeùt soudain rendu muet, 1n’eút fait rompre l’entretien, et tes craintes auraient fait naître en moi des craintes : mais tu m*as entendu par signes, et c’est par signe que tu as parlemente avec le petite. Oui ! c’est sans un seul instant de retard que ton cœur s’est laisse persuader, et que La main cruelle s’est hatee en conséquence d’accomplir 1`action que 110s deux bouches avaient honte d’exprimer !-Ole-toi de mes yeux, et que je ne te revoie jamais !-Ma noblesse ni abandonne, une armée étrangere vient jusqu’à mes portes braver ina puissance : que dis-je ! au dedans même de ce pays de chair, de cet empire ou se renferment le sang et la vie, éclatent les hostilités, et la guerre civile règne entre ma conscience et la mort de mon cousin. Hoenrrr.—Armez-vous contre vos autres ennemis ; je vais faire la paix entre votre âme et vous ; le jeune Arthur est vivant. Cette main est encore innocente et vierge, et ne s’est point teinte des taches rouges du sang : jamais encore n’est entre dans ce sein le terrible sentiment d’une pensée meurtrière ; et vous avez calomnie la nature dans mon visage, qui, bien que rude à Perterieur, couvre une aime trop belle pour être le boucher d’un enfant innocent.

LE no : JEAN.-Quoi ! Arthur vit ? Oh ! cours promptement vers les pairs ; jette cette nouvelle sur leur fureur allumée, fais-les rentrer sous le joug de Poheissance. Pardonne -moi le jugement que ma colère portait sur ta physionomie, car ma fureur était aveugle ; et les affreux traits de sang dont te couvrait mon imagination te représentaient plus hideux que tu ne 1”es. Oh ! ne me réplique pas ; mais hâte-toi autant qu’il sera possible d’a1nener dans mon cabinet les lords irrités : je t’en conjure bien lentement ; cours plus vite. (Ils sortent.)

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