Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 6.djvu/86

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84 LE Mluzcuauii nr venise.

arrivée ; et cependant ce n’est pas la peine.... Pourquoi entrerions-nous ?-Ami Stephane, annoncez, je vous prie, dans le château, que votre maîtresse est près d’arriver, et amenez ici les musiciens en plein air. (Ledomestique sort.) Que la clarté de la lune dort doucement sur ce banc de gazon ! Nous nous y assiérons et les sons de la musique se glisseront dans notre oreille. Ce doux silence et cette nuit si belle conviennent aux accords (Tune gracieuse harmonie. Assieds-toi, Jessica, vois comme la voute des cieux est incrustée de disques brillants. Parmi tous ces globes que tu vois, il n’y a pas jusqu’au plus petit, dont les mouvements ne produisent une musique angélique en accord avec les concerts des chérubins, a l°cei1 plein de jeunesse. Telle estlharmonie qui se révèle aux âmes immortelles : mais tant que notre âme est enclose dans cette grossière enveloppe d*une argile périssable, nous sommes incapables de l’entendre. (Entrent les mttsictens.)-Allons, éveillez Diane par un hymne ; pénétrez des sous les plus mélodieux l’oreille de votre maîtresse, et entraînez-la vers sa.demeure par le charme de la musique.

nzssxca.-Jamais je ne suis gaie quand j’entends une musique agréable.

Losenzo.-La raison en est que vos esprits sont attentifs ; car voyez un sauvage et folátre troupeau, une bande de Jeunes étalons qui n’ont point encore senti la main de l’l1om1ne, hondissant avec folie, et faisant retentir leurs voix par de bruyants hennissements, éfi’et de l’ardeur de leur sang ; si par hasard ils viennent à entendre le son d’une trompette, ou que leurs oreilles soient frappées de quelque mélodie, vous les verrez aussitôt sarrêter tout court, et leurs yeux farouches prendre un regard adouci, par la douce puissance de la musique. Voilà pourquoi les poètes ont prétendu qu’orpliée attirait les arbres, les rochers et les fleuves, parce qu’il n’est rien dans la nature de si insensible, de si dur. de si furieux, dont la musique ne change pour quelques instants le caractère ; l’homme qui n’a en lui-même aucune musique, et qui nlest pas ému par le doux accord