prendre la mesure de ma fosse. Adieu, mon bon maître.
ORLANDO.—Quoi, Adam ! comment ! tu n’as pas plus de cœur que cela ? Vis encore un peu, console-toi un peu, prends un peu de cœur. S’il existe quelque bête sauvage dans cette affreuse forêt, ou je lui servirai de nourriture, ou je te l’apporterai comme nourriture : ton imagination te fait voir la mort plus près de toi qu’elle ne l’est en effet. Pour l’amour de moi, prends courage ; tiens un instant la mort à bout de bras : je suis à toi dans un moment ; et si je ne t’apporte pas quelque chose à manger, alors je te permets de mourir : mais si tu meurs avant mon retour, je dirai que tu t’es moqué de mes peines.—Allons, fort bien, tu as l’air plus entrain. Je vais revenir te joindre à l’instant ; mais tu es là couché à l’air glacé. Viens, je vais te porter sous quelque abri, et tu ne mourras pas faute d’un dîner, s’il y a quelque chose de vivant dans ce désert. Courage, bon Adam.
(Ils sortent.)
Scène VII
Une autre partie de la forêt.
On voit une table servie, LE VIEUX DUC, AMIENS, les SEIGNEURS et autres.
LE VIEUX DUC.—Je pense qu’il est métamorphosé en bête ; car je ne puis le trouver nulle part, sous la forme d’un homme.
PREMIER SEIGNEUR.—Monseigneur, il n’y a qu’un instant qu’il est parti d’ici, où il était fort gai, à écouter une chanson.
LE VIEUX DUC.—Lui, qui est tout composé de dissonances ! s’il devient jamais musicien, il y aura certainement bientôt une grande discorde dans les sphères ; allez le chercher ; dites-lui, que je voudrais lui parler.
(Entre Jacques.)
PREMIER SEIGNEUR.—Il m’en évite la peine, en venant lui-même.
LE VIEUX DUC.—Mais comment, monsieur, quelle vie