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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 4.djvu/261

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basse extraction que le goudron : la civette n’est que l’impure excrétion d’un chat. Trouve une meilleure preuve, berger.

CORIN.—Vous avez l’esprit trop raffiné pour moi : je veux me reposer.

TOUCHSTONE.—Tu veux te reposer, étant damné ? Dieu veuille t’éclairer, homme borné, car tu es bien ignorant ! Dieu veuille te faire une incision[1] ! Tu es bien novice.

CORIN.—Monsieur, je ne suis qu’un simple journalier ; je gagne ce que je mange, j’achète ce que je porte ; je ne dois de haine à personne, je n’envie le bonheur de personne ; je suis bien aise de la bonne fortune des autres, patient dans ma peine, et mon plus grand orgueil est de voir mes brebis paître, et mes agneaux téter.

TOUCHSTONE.—Voilà encore un autre péché d’imbécile dont vous vous rendez coupable, en élevant ensemble les brebis et les béliers, en vous offrant à gagner votre vie par l’accouplement du bétail, en servant d’entremetteur aux désirs du bélier qui a la sonnette au cou, et en prostituant la brebis d’un an à un vieux débauché de bélier aux cornes crochues, qui n’est point du tout raisonnablement son fait. Si tu n’es pas damné pour cela, c’est que le diable lui-même ne veut pas de bergers ; autrement, je ne vois pas comment tu pourrais échapper.

CORIN.—Voilà le jeune monsieur Ganymède, le frère de ma nouvelle maîtresse.


Scène III

ROSALINDE, TOUCHSTONE

ROSALINDE paraît, lisant un papier.

Depuis l’Orient jusqu’aux Indes-Occidentales,
Nul joyau n’égale Rosalinde,
Tous les vents portent sur leur ailes
Le mérite de Rosalinde dans tout l’univers.

  1. « Expression proverbiale pour dire : faire comprendre. » (WARBURTON.)