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HAMLET.

bois trop léger pour un vent si fort, seraient revenues à mon arc au lieu d’aller à mon but.

laërtes. — Ainsi j’ai perdu un noble père ! ainsi ma sœur a été jetée dans un état désespéré ! elle, dont le mérite (s’il est permis à la louange de retourner en arrière), droit et ferme sur le plus haut faîte, mettait tout notre siècle au défi d’égaler ses perfections ! Mais ma vengeance viendra !

le roi. — Ne rompez point pour cela vos sommeils. Il ne faut pas nous croire faits d’une assez plate et molle matière pour souffrir que le danger vienne nous secouer par la barbe, et pour regarder cela comme un passe-temps. Vous en saurez bientôt davantage. J’aimais votre père, nous nous aimons nous-mêmes, et cela vous apprendra, j’espère, à concevoir que… (Un messager entre.) Mais qu’est-ce donc ? quelles nouvelles ?

le messager. — Des lettres, mon seigneur, de la part de Hamlet ; celle-ci pour Votre Majesté, celle-là pour la reine.

le roi. — De Hamlet ? qui les a apportées ?

le messager. — Des matelots, à ce qu’on dit, mon seigneur ; je ne les ai pas vus : elles m’ont été remises par Claudio ; il les avait reçues de celui qui les avait apportées.

le roi. — Laërtes, vous allez les entendre. Laissez-nous.

(Le messager sort.)
Le roi lit :
« Haut et puissant seigneur,

« Vous saurez que j’ai été débarqué nu en votre royaume. Demain je demanderai la permission d’être admis en votre royale présence, et alors, après avoir imploré votre pardon pour tout ceci, je vous raconterai les circonstances de mon si soudain et encore plus étrange retour.

« Hamlet. »

Que signifie ceci ? Est-ce que tous les autres sont aussi de retour ? ou bien est-ce quelque tromperie, et n’y a-t-il rien de vrai ?

laërtes. — Reconnaissez-vous la main ?