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CORIOLAN.

chez vous, chéri de tous les ateliers de Rome. Vous me voyez partir : parlez de moi à ma femme. Ou je reviendrai consul, ou ne vous fiez plus désormais à mon talent dans l’art de la flatterie.

volumnie.—Fais à ta guise.

(Elle sort.)

cominius.—Venez, les tribuns vous attendent. Armez-vous de modération pour répondre avec douceur ; car, d’après ce que j’ai ouï dire, ils préparent contre vous des accusations plus graves que celles dont ils vous ont déjà chargé.

coriolan.—Avec douceur, avez-vous dit ? Marchons, je vous prie : qu’ils m’accusent avec l’art de la fraude ; moi, je répondrai dans toute la franchise de l’honneur.

cominius.—Oui, mais avec douceur.

coriolan.—À la bonne heure ; avec douceur donc : allons, oui, avec douceur.

(Ils sortent.)

SCÈNE III

La place publique.
SICINIUS et BRUTUS.

brutus.—Accusez-le surtout d’aspirer à la tyrannie. S’il nous échappe de ce côté, reprochez-lui sa haine contre le peuple ; ajoutez que les dépouilles conquises sur les Antiates n’ont jamais été distribuées. (Un édile paraît.) Eh bien ! viendra-t-il ?

l’édile.—Il vient.

brutus.—Qui l’accompagne ?

l’édile.—Le vieux Ménénius et les sénateurs qui l’ont toujours appuyé de leur crédit.

sicinius.—Avez-vous une liste de tous les suffrages dont nous nous sommes assurés, rangés par ordre ?

l’édile.—Oui, elle est prête ; la voici.

sicinius.—Les avez-vous classés par tribus ?

l’édile.—Je l’ai fait.