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ANTOINE ET CLÉOPÂTRE.

Cléopâtre.

Doucement, je veux vous aider ; voilà comme cela doit être.

Antoine.

Bien, bien, nous ne pouvons manquer de prospérer ; vois-tu, mon brave camarade ! Allons, va t’armer aussi.

Éros.

À l’instant, seigneur.

Cléopâtre.

Ces boucles ne sont-elles pas bien attachées ?

Antoine.

À merveille, à merveille. Celui qui voudra déranger cette armure avant qu’il nous plaise de nous en dépouiller nous-mêmes pour nous reposer, essuiera une terrible tempête. — Tu es un maladroit, Éros ; et ma reine est un écuyer plus habile que toi. Hâte-toi. — Ô ma bien-aimée, que ne peux-tu me voir combattre aujourd’hui, et si tu connaissais cette tâche royale, tu verrais quel ouvrier est Antoine ! (Entre un officier tout armé.) Bonjour, soldat, sois le bienvenu ; tu te présentes en homme qui sait ce que c’est que la journée d’un guerrier. Nous nous levons avant l’aurore pour commencer les affaires que nous aimons, et nous allons à l’ouvrage avec joie.

L’officier.

Mille guerriers, seigneur, ont devancé le jour, et vous attendent au port couverts de leur armure.

(Cris de guerre, bruit de trompettes.
Entrent plusieurs capitaines suivis de leurs soldats.)
Un capitaine.

La matinée est belle. Salut, général !

Tous.

Salut, général !

Antoine.

Voilà une belle musique, mes enfants ! Cette matinée, comme le génie d’un jeune homme qui promet un avenir brillant, commence de bonne heure ; oui, oui. — Allons, donne-moi cela ; — par ici ; … fort bien. — Adieu, reine, et soyez heureuse, quel que soit le sort qui m’attende. (Il l’embrasse.) Voilà le baiser d’un guerrier : je mériterais vos mépris et vos reproches si je perdais le temps à vous faire des adieux plus étudiés ; je vous quitte maintenant comme un homme couvert d’acier. (Antoine, Éros, les officiers et les soldats sortent.) Vous, qui voulez vous battre, suivez-moi de près ; je vais vous y conduire. Adieu.

Charmiane.

Voulez-vous vous retirer dans votre appartement ?