en pluie ; que je puisse dire que les dieux eux-mêmes pleurent.
Cet exemple m’accuse de lâcheté. — Si elle rencontre avant moi mon Antoine à la belle chevelure, il l’interrogera sur mon sort, et lui donnera ce baiser qui est le ciel pour moi. (À l’aspic qu’elle applique sur son sein.) Viens, mortel aspic, que ta dent aiguë tranche d’un seul coup ce nœud compliqué de la vie. Allons, pauvre animal venimeux, courrouce-toi et achève. Oh ! que ne peux-tu parler pour que je puisse t’entendre appeler le grand César un âne impolitique !
Ô astre de l’Orient !
Cesse, cesse tes plaintes. Ne vois-tu pas mon enfant sur mon sein, qui endort sa nourrice en tétant ?
Oh ! brise-toi, brise-toi, mon cœur !
Ô toi ! suave comme un baume, doux comme l’air, tendre… Ô Antoine ! — (Elle applique un autre aspic sur son bras.) Allons, viens, toi aussi. — Pourquoi rester plus longtemps ?…
Dans ce monde odieux ?… — Allons ! adieu donc. — Maintenant, vante-toi, mort ! tu as en ta possession une beauté sans égale. Beaux yeux, astres de lumière (en lui fermant les yeux), fermez-vous, et que jamais deux yeux si pleins de majesté n’envisagent le char doré de Phébus !… — Votre couronne est dérangée ; je veux la redresser, et après jouer aussi mon rôle.
Où est la reine ?
Parlez bas, ne l’éveillez point.
César a envoyé…
Un messager trop lent… (Elle s’applique un aspic.) Oh ! viens, allons vite, hâte-toi ; je commence à te sentir.
Approchons. Oh ! tout n’est pas en ordre ; César est trompé.
Voilà Dolabella que César avait envoyé ; appelez-le.