Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
travers le Mur. Vous allez voir, ça va se passer exactement comme je vous ai dit… La voilà qui arrive.
Entre Thisbé.
THISBÉ.

Ô Mur, que de fois tu m’as entendu gémir
De ce que tu me séparais de mon beau Pyrame !
Que de fois mes lèvres cerises ont baisé tes pierres,
Tes pierres cimentées de chaux et de poils !

PYRAME.

J’aperçois une voix ; allons maintenant à la crevasse,
Pour voir si je n’entendrai pas la face de ma Thisbé !
Thisbé !

THISBÉ.

Mon amour ! c’est toi, je crois, mon amour ?

PYRAME.

Crois ce que tu voudras ; je suis sa grâce ton amoureux :
Toujours fidèle comme Liandre.

THISBÉ.

Et moi comme Hélène, jusqu’à ce que le destin me tue !

PYRAME.

Shaphale ne fut pas si fidèle à Procrus !

THISBÉ.

Autant Shaphale le fut à Procrus, autant je te le suis.

PYRAME, collant ses lèvres aux doigts du mur.

Oh ! baise-moi à travers le trou de ce vil Mur !

THISBÉ, collant ses lèvres de l’autre côté.

C’est le trou du Mur que je baise, et non vos lèvres.

PYRAME.

Veux-tu me rejoindre immédiatement à la tombe de Nigaud ?