— Est-il possible ? Serait-il vrai ?
— N’ai-je pas la hideuse mort devant les yeux ? — Je ne garde plus qu’un reste de vie — qui saigne, comme une figure de cire — fond en se déformant devant le feu. — Quelle est la chose au monde qui me ferait mentir, — au moment où tout mensonge m’est forcément inutile ? — Pourquoi donc serais-je faux, puisqu’il est vrai — que je dois mourir ici, et vivre hors d’ici par la vérité seule ? — Je le répète, dans le cas où Louis triomphe, — il est parjure si jamais vos yeux — voient une nouvelle aurore poindre à l’Orient. — Et, dès cette nuit même, dont déjà le souffle contagieux et sombre — fume au-dessus de la crête brûlante — du vieux soleil faible et épuisé de jour, — dès cette nuit fatale, vous rendrez le dernier soupir, — payant ainsi par la fin traîtresse de toutes vos vies — l’amende de votre trahison coupable — qui aura donné la victoire à Louis. — Ne m’oubliez pas auprès d’un certain Hubert qui est avec votre roi. — Mon amitié pour lui, et puis ce souvenir — que mon grand-père était Anglais, — ont engagé ma conscience à confesser tout cela. — Pour récompense, je vous en prie, emmenez-moi d’ici, — loin du bruit et de la rumeur du champ de bataille, — que je puisse recueillir en paix le reste de mes pensées — et séparer mon âme de ce corps — dans la méditation et les désirs pieux (40) !