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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/276

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LE ROI JEAN.

SALISBURY.

— Nous te croyons… Et maudite soit mon âme, — s’il n’est pas vrai que je suis charmé de cette belle — et heureuse occasion — de revenir sur les pas d’une désertion damnée ! — Faisons comme le flot qui décroît et se retire : — laissons là nos débordements et notre cours irrégulier — pour redescendre dans les limites que nous avons franchies, — et courons paisiblement en toute obéissance — à notre grand roi Jean, notre Océan à nous !

À Melun.

— Mon bras va aider à t’emporter d’ici, — car je vois les cruelles angoisses de la mort — dans tes yeux… En marche, mes amis ! Élan nouveau, — heureux changement qui nous ramène à l’ancien droit !

Ils sortent en emmenant Melun.

SCÈNE XII.
[Le camp français.]
Entrent Louis et sa suite.
LOUIS.

— Il m’a semblé que le soleil du ciel avait regret de se coucher, — et qu’il s’arrêtait à faire rougir l’ouest du firmament, — tandis que les Anglais mesuraient à reculons leur propre terrain — dans une molle retraite. Oh ! que nous avons bravement fini, — alors qu’avec une volée de notre canonnade, inutile — après une si sanglante besogne, nous leur avons dit adieu, — et que nous avons replié gaiement nos drapeaux déchirés, — derniers occupants, et presque maîtres du champ de bataille !