— Prenez courage, prince ; car vous êtes venu au monde — pour donner figure à l’ébauche — qu’il a laissée si informe et si grossière.
— Oui, certes, mon âme a maintenant les coudées franches ; — elle n’a pas besoin pour sortir de fenêtres ni de portes. — Il y a dans mon sein un été si chaud — que toutes mes entrailles s’émiettent en poussière. — Je ne suis plus qu’une forme griffonnée à la plume — sur un parchemin, et je me racornis — sous l’action du feu.
Comment se trouve votre majesté ?
— Mal : empoisonné, mort, abandonné, perdu ! — Et nul de vous ne veut dire à l’hiver — d’enfoncer ses doigts glacés dans ma mâchoire, — nul ne veut faire couler les rivières de mon royaume — à travers mon sein brûlé, nul ne veut supplier le Nord — de donner à mes lèvres desséchées le baiser de sa bise — et de me soulager par le froid ! je ne demande pas beaucoup, — j’implore le plus froid soulagement ; et vous êtes assez avares — et assez ingrats pour me le refuser.
— Oh ! pourquoi mes larmes n’ont-elles quelque vertu — qui puisse vous guérir !
Le sel qu’elles contiennent est trop chaud. — En moi