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SCÈNE XI.

CAMILLO.

— Si j’étais de votre troupeau, je cesserais de paître, — pour me repaître seulement de votre vue.

PERDITA.

Hélas ! — vous seriez bientôt si maigre, que les rafales de janvier — vous perceraient de part en part…

À Florizel.

Ah ! mon plus bel ami, — que n’ai-je des fleurs printanières qui puissent — convenir à votre jeunesse !

Aux jeunes paysans.

Ainsi qu’à vous.

Aux paysannes.

Et à vous, — qui portez encore à vos branches pucelles — vos virginités en bourgeon !… Ô Proserpine, — que n’ai-je ici les fleurs que, dans ton effroi, tu laissas tomber — du char de Pluton, les asphodèles, — qui viennent avant que l’hirondelle se risque, et qui captivent — les vents de mars par leur beauté, les violettes, sombres, — mais dont le parfum est plus suave que les paupières de Junon — ou l’haleine de Cythérée, les pâles primevères qui — meurent stériles avant d’avoir connu — le brillant Phébus dans sa force, maladie — commune aux vierges, la primerole hardie et — la couronne impériale, les iris de toute espèce, — et entre autres la fleur de lis !… Oh ! il me faudrait celles-là — pour vous en faire des guirlandes, mon doux ami, — et pour vous en couvrir tout entier.

FLORIZEL.

Quoi ! comme un corps au cercueil ?

PERDITA.

— Comme un lit de fleurs propre au repos et aux jeux de l’amour, — mais non comme un corps à ensevelir, — si ce n’est vivant, et dans mes bras… Allons, prenez vos fleurs. — Il me semble que je figure ici, comme j’en