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SCÈNE XIII.
apparaissent déjà dans tout l’épanouissement de leur fortune.
LE BERGER, au clown.

Allons, mon gars, j’ai passé l’âge d’avoir des enfants ; mais tes fils et filles naîtront tous gentilshommes.

LE CLOWN, à Autolycus.

Charmé de vous rencontrer, monsieur. Vous avez refusé de vous battre avec moi l’autre jour, parce que je n’étais pas gentilhomme né. Voyez-vous ces habits ? Dites donc que vous ne les voyez pas, et que vous persistez à ne pas me croire gentilhomme né. Vous feriez mieux de dire que ces manteaux ne sont pas gentilshommes nés. Donnez-moi un démenti, voyons, et éprouvez si je ne suis pas à présent un gentilhomme né.

AUTOLYCUS.

Je sais que vous êtes à présent, monsieur, un gentilhomme né.

LE CLOWN.

Oui, et voilà quatre heures que je le suis à tout moment.

LE BERGER.

Et moi aussi, garçon.

LE CLOWN.

Et vous aussi. Mais j’étais gentilhomme né avant mon père ; car le fils du roi m’a pris par la main et m’a appelé frère, et alors les deux rois ont appelé mon père : frère ; et alors le prince, mon frère, et la princesse, ma sœur, ont appelé mon père : père ; et sur ce, nous avons pleuré ; et ce sont les premières larmes gentilhommières que nous ayons jamais versées.

LE BERGER.

Nous pouvons vivre assez, mon fils, pour en verser d’autres.