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CYMBELINE.
il vient de la femme ! la flatterie ? d’elle encore ! la perfidie ? d’elle ! — la luxure et les pensées immondes ? d’elle ! d’elle ! la rancune ? d’elle ! — Ambitions, cupidités, capricieuses vanités, dédains, envies friandes, médisances, inconstance, — tous les défauts qu’on peut nommer, ou même que l’enfer connaît, — viennent d’elle, tous ou presque tous : non, je disais bien, tous ! — Car, même envers le vice, elles ne sont pas constantes ; — sans cesse elles quittent un vice vieux d’une minute pour un autre — moins vieux de moitié… Je veux écrire contre elles, — les détester, les maudire… Mais non ! le plus grand raffinement — d’une vraie haine est de prier qu’elles aient tous leurs désirs. — Le démon même ne pourrait pas mieux les tourmenter !
Il sort.

SCÈNE XII.
[La grande salle du palais des rois de Bretagne.]
Entrent par une porte Cymbeline, la Reine, Cloten, des courtisans ; par une autre, Caïus Lucius et sa suite.
CYMBELINE.

— Parlez maintenant, que veut de nous César-Auguste ?

LUCIUS.

— Quand Jules-César, dont le souvenir, — encore vivant pour les yeux des hommes, sera pour leurs oreilles et leurs langues — une éternelle tradition, vint dans cette Bretagne — et la conquit, Cassibelan (4), ton oncle, — illustré par les éloges de César non moins — que par ses exploits méritoires, s’engagea, pour lui — et pour ses successeurs, à payer à Rome un tribut annuel — de