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SCÈNE IX.

CASSIO.

Oui, madame ; — mais cette politique-là peut durer si longtemps, — elle peut s’alimenter d’un régime si subtil et si fluide, — ou se soutenir par la force des choses de telle sorte — que, moi absent et ma place remplie, — le général oublie mon dévouement et mes services.

DESDÉMONA.

— Ne crains pas cela. Ici, en présence d’Émilia, — je te garantis ta place : sois sûr — que, quand je fais un vœu d’amitié, je l’accomplis — jusqu’au dernier article. — Mon mari n’aura pas de repos ; — je l’apprivoiserai à force d’insomnies (36) ! je l’impatienterai de paroles ! — Son lit lui fera l’effet d’une école ; sa table, d’un confessionnal ! — Je mêlerai à tout ce qu’il fera la supplique de Cassio. Donc sois gai, Cassio, — car ton avocat mourra plutôt — que d’abandonner ta cause.

Entrent Othello et Iago. Ils se tiennent quelque temps à distance.
ÉMILIA.

Madame, voici — monseigneur.

CASSIO, à Desdémona.

Madame, je vais prendre congé de vous.

DESDÉMONA.

Bah ! restez, — vous m’entendrez parler !

CASSIO.

— Pas maintenant, madame : je me sens mal à l’aise — et impuissant pour ma propre cause.

DESDÉMONA.

Bien, bien, — faites à votre guise.

Sort Cassio.
IAGO.

Ha ! je n’aime pas cela.

OTHELLO.

— Que dis-tu ?