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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.

GRUMIO.

— Soit ! alors la moutarde sans le bœuf.

CATHARINA, le battant.

— Va-t’en ! décampe, fourbe qui te moques de moi ! — Ah ! tu me nourris rien qu’avec le nom des plats ! — Malheur à toi et à toute la clique de ceux — qui triomphent ainsi de ma misère ! — Allons, décampe, te dis-je !

Entrent Petruchio, portant un plat de viande, et Hortensio.
PETRUCHIO.

— Comment va ma Catharina ? Comment, ma charmante, toute abattue !

HORTENSIO.

— Madame, comment vous trouvez-vous ?

CATHARINA.

Aussi froide que possible.

PETRUCHIO.

— Redresse tes esprits, et regarde-moi gaiement. — Tiens, amour, tu vois combien je suis empressé ; — j’ai préparé moi-même ton repas, et je te l’apporte.

Il met le plat sur la table.

— Je compte bien, chère Catharina, que cette attention — mérite un remercîment. — Quoi ! pas un mot ! Ah ! je le vois, tu n’aimes pas cela, — et toutes mes peines sont en pure perte.

À un valet.

— Allons, emportez ce plat.

CATHARINA.

Je vous en prie, laissez-le là.

PETRUCHIO.

— On paye de remercîments le plus pauvre service. — Vous payerez le mien avant de toucher à ce plat.

CATHARINA.

— Je vous remercie, monsieur.

Elle s’assied à table. Petruchio reste debout.